Les mots d’Ernest Hemingway

En ce moment je cherche des nouvelles traitant du voyage dans le cadre de la création d’une séquence pour des secondes. J’ai donc lu Les neiges du Kilimandjaro d’Ernest Hemingway, ainsi que Dix indiens, Hommage à la Suisse et L’heure triomphale de Francis Macomber, qui se trouvaient dans le recueil emprunté. Si je ne vais exploiter aucun de ces textes en classe, j’ai tout de même été happée par ces récits courts et corrosifs.

On s’abstenait de penser et tout était magnifique. On était cuirassé à l’intérieur de manière à ne pas flancher de ce côté-là, comme la plupart des autres l’avaient fait, et l’on se donnait l’attitude du monsieur qui se moque éperdument de ce qu’il faisait autrefois, maintenant qu’on était incapable de le faire.

Ce sont des histoires froides, des dialogues acerbes entre des hommes et des femmes, qui ne partagent difficilement qu’une tente et des mots pour faire mal. Il n’y a d’entrebâillement sur une véritable passion que par le cœur brisé d’un adolescent dans Dix indiens. Les échanges sont protocolaires, répétitifs. Pour son Hommage à la Suisse, la même scène se répète trois fois, comme un exercice de style dont les échanges ont des aboutissements toujours différents.

Même sous le mont africain, en plein safari dans l’étendue subsaharienne, on se retrouve en huis-clos avec des personnages emplis de rancœur. La violence est dans les mots et regards échangés, dans les blessures des balles qui frappent gratuitement des animaux qui n’ont rien demandé, et la chair des hommes qui, finalement, l’ont peut-être mérité.

Il ne faut pas lire ces nouvelles pour entrer en empathie avec les personnages qui en sont dépourvus, il faut les lire pour l’inconfort qu’elles produisent. Ce sont des scènes d’intimité crues, souvent argotiques, qui font oublier la beauté du voyage escompté. De l’Afrique, des USA ou de la Suisse, il ne reste dans ces textes, qu’une géolocalisation anecdotique, sans emprise aucune sur les protagonistes.

Moi qui n’ai pas encore réussi à accrocher avec Paris est une fête, j’ai été agréablement piquée par ces quelques textes dont je vous recommande la lecture, si vous aimez les histoires inconfortables, brutes de décoffrage.

Quel est votre texte préféré d’Ernest Hemingway ?

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